Les activités de construction représentent 93 % des émissions de gaz à effet de serre du Groupe. Un des leviers d’action pour réduire cette empreinte carbone consiste à proposer des solutions à base de matériaux biosourcés, c’est-à-dire fabriqués avec de la matière issue du vivant. 

Focus sur la démarche de construction bois menée par Bouygues Construction pour le futur siège du groupe Engie à La Garenne-Colombe et l’enrobé Végécol développé par Colas.

Par Emilie Dupas

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SPÉCIAL RSE

93 %

des émissions de gaz à effet de serre proviennent des activités de construction du groupe.

Sur le terrain d’une ancienne usine de PSA, le Campus Engie comprendra notamment quatre bâtiments de bureaux de six à sept étages totalisant 22 000 m2 de structure en bois. Ce matériau naturel, issu de forêts gérées durablement, est apparu comme l’une des solutions aux enjeux environnementaux, car il rend possible la séquestration du carbone. L’émission de 4 700 tonnes de CO2 sera ainsi évitée(1). Rien de cela ne sera visible depuis l’extérieur puisqu’une façade viendra envelopper l’ensemble des bâtiments.
À l’intérieur, seuls les poteaux resteront apparents par choix architectural.

22 000 m²

de structure en bois.

4 700

d’émission de tonnes de CO2 sera ainsi évitée

ATOUTS BOIS

“Le bois ne dégage pas de poussière et on apprend très vite à le travailler”, se félicite Claude Ferreira, compagnon avec 25 ans d’ancienneté dans le Groupe. Les formations ont été prodiguées directement sur le chantier et au Centre Gustave Eiffel, l’organisme
de formation cofondé par Bouygues en 1997.

Certes, l’utilisation du bois impose parfois la manipulation de lourdes charges et implique des gestes répétitifs mais les compagnons ont été notamment équipés d’exosquelettes et de visseuses spécifiques, ce qui amoindrit la pénibilité par rapport au béton.

Atout supplémentaire du bois : la dépendance aux autres corps de métiers est réduite. “On attend moins. C’est plus facile de s’organiser en termes de planning”, poursuit Claude Ferreira.
“Le béton met environ 28 jours à faire sa prise définitive. Cela empêche les travaux de se poursuivre. Ce n’est pas le cas pour le bois, pointe Hugo Besson, responsable gros-oeuvre, charpente bois et métallique.

En revanche, les délais d’études et de fabrication sont longs. C’est beaucoup plus industrialisé que le béton car les éléments sont préfabriqués. Cela transforme notre métier.”

Le béton met environ 28 jours
à faire sa prise définitive.
Cela empêche les travaux de se poursuivre.
Ce n’est pas le cas pour le bois.

Hugo Besson

responsable gros-oeuvre

Le développement de la construction en bois s’accélère et deviendra quasiment incontournable avec l’évolution de la réglementation(2). “Chez Bouygues Construction, nous souhaitons réduire de 30% nos émissions de carbone d’ici à 2030. Les projets de construction en bois sont l’un des leviers pour réussir et nous voulons porter leur part à 30% de l’ensemble des opérations dans le même temps. Le pôle d’expertise WeWood a été créé pour capitaliser l’expérience sur chaque projet et accompagner les unités opérationnelles”, déclare son directeur Christophe Lemaître.

Aujourd’hui, cette entité compte 40 experts. “Nous avons noué des partenariats importants avec deux fournisseurs en nous engageant sur des commandes de 60 000 m2 de CLT3 par an. Cela donne un signal fort à nos partenaires. Nos objectifs les préparent à monter en volume et en compétences pour répondre aux évolutions réglementaires.”

En dehors du marché français et européen, l’international offre aussi quelques perspectives où le pôle d’excellence WeWood apporte également son expertise.

Chez Bouygues Construction, nous souhaitons réduire de 30 % nos émissions de carbone d’ici à 2030.

Christophe Lemaître

directeur WEWOOD

À Roques, près de Toulouse une dizaine de compagnons de Colas construisent une nouvelle piste cyclable. L’enrobé clair qu’ils mettent en œuvre est innovant et bas carbone. Végécol est constitué d’un liant majoritairement biosourcé à base de résine de pin et d’huile végétale, là où les enrobés traditionnels sont réalisés avec du bitume. Végécol permet ainsi de réduire l’empreinte carbone de l’infrastructure de 70 à 90 % par rapport à un enrobé clair traditionnel. Sa fabrication à température abaissée participe également à la réduction des émissions de gaz à effet de serre. La mise en œuvre a débuté en mai et s’est achevée à la fin de l’été. “Les étapes sont les mêmes que pour un enrobé classique”, indique Pascal Coudon, chef de chantier. La circulation peut être réouverte une demi-journée après la mise en œuvre.

UN DÉFI TECHNIQUE

Le liant végétal qui compose le Végécol a été fabriqué par Colas à Vitrolles dans le Sud-Est de la France, avant d’être envoyé dans une usine d’enrobage située à Villeneuve. Sur place, il a été mélangé à des gravillons, issus de la carrière locale de Cazères.

“Notre usine d’enrobage peut fournir 250 tonnes de Végécol par heure, explique Dominique Bezombe, chef de poste. “Nous étions pionniers lorsque la première version de Végécol a été lancée en 2005 : remplacer le bitume par un matériau végétal représentait un défi pour la technique routière. Nous avons ensuite réalisé de nombreuses recherches et expérimentations sur le terrain pour ajuster la composition avant de déployer notre solution à grande échelle en 2022, pointe Thierry Guigue, directeur commercial chez Colas France. Après un an d’utilisation de la nouvelle version, nous constatons que le matériau se comporte très bien.”

Le Végécol répond aux attentes des collectivités en matière de décarbonation et de lutte contre les îlots de chaleur. La solution existe même désormais en version perméable pour favoriser l’infiltration des eaux pluviales. Le seul lieu de fabrication du liant, pour l’instant, étant basé à Vitrolles, Colas vise le marché français en priorité, même s’il n’est pas exclu qu’après avoir atteint son plein potentiel en France, l’entreprise se fixe des objectifs sur l’ensemble de ses géographies.

Nous étions pionniers lorsque la première version de Végécol a été lancée en 2005 : remplacer le bitume par un matériau végétal représentait un défi pour la technique
routière.

Thierry Guigue

directeur commercial chez Colas France

1. À titre indicatif, un mètre cube de béton émet environ 450 Kg CO2 /m3, alors qu’un mètre cube de bois massif séquestre environ 800 Kg CO2 /m3
2. La RE2020 fixe un seuil d’émission CO2 à ne pas dépasser pour l’énergie et les matériaux qui est renforcé en quatre étapes : 2022, 2025, 2028 et 2031. L’intégration de matériaux biosourcés, et donc du bois, est une réponse et le seuil de 2028 le rendra prépondérant.
3. Cross Laminated Timber. Panneau de bois lamellé croisé.

WEWOOD

40

Experts de la construction bois

30%

de projets bois par an d’ici à 2030

15%

de projets bois sur l’ensemble de la commande de Bouygues Bâtiment France à fin 2022, contre 3 % en 2019

43

projets gagnés en 2022

+ de 200

projets bois livrés depuis 2015

13 000

tonnes de CO2 économisées par an (environ)