Proteger en zone de conflit
Afin d’assurer la protection des journalistes reporters d’images, la direction des Affaires générales et de la sécurité de TF1 a mis en place un dispositif complet. Envoyés en zone de conflit, ces professionnels de l’information bénéficient d’un entraînement physique et d’un accompagnement psychologique tout au long de leur mission.
par Laura Flanchet
DECOUVREZ NOTRE HORS SÉRIE MINORANGE
SPÉCIAL RSE
« Ne luttez pas contre votre peur mais servez-vous en pour faire les bons gestes sur le terrain”, prévient Yann Bessette, directeur de la sécurité et de la sûreté chez TF1. Les mots, percutants mais nécessaires, sont adressés en août 2023 lors d’un briefing à deux journalistes reporters d’images (JRI) amenés à se rendre en Ukraine dans les prochaines semaines. “Ce briefing fait partie d’un dispositif mis en place avec le concours de la direction générale de l’Information pour suivre les JRI avant, pendant et après leur mission ”, reprend Yann Bessette.
Protéger les collaborateurs en déplacement, piloter la gestion de crise ou gérer la menace pendant les directs des émissions font partie des missions quotidiennes de la Direction sécurité et sûreté.
13 219
déplacements
(France & International)
1 454
collaborateurs envoyés
sur le terrain
77
pays
(destinations de reportage)
Former et équiper
Pour assurer la protection des JRI, différentes formations sont organisées comme un stage de cinq jours au camp d’entrainement commando de Collioure dispensé par les forces armées françaises ou encore un programme interne organisé à TF1 afin d’acquérir les règles de base sur la protection en zone de guerre. “Quatre modules viennent rythmer ces deux journées : les consignes avant le départ, les règles de protection sur une zone sensible, la gestion du stress animé par un médecin et le secourisme de terrain”, détaille Sania El Hakkaoui, responsable de la formation. Une trousse de secours est ainsi mise à disposition des JRI : ils doivent savoir poser un garrot ou des pansements compressifs destinés à traiter une blessure d’urgence avant l’arrivée des secours.
Deux fois par an, une commission EPI (équipements de protection individuelle) réunit le service médical, la direction générale de l’Information et celle des Affaires générales et de la sécurité. “Elle permet de fixer, en fonction du pays et de son niveau de dangerosité, les types d’EPI que les JRI doivent obligatoirement emporter ”, indique Yann Bessette. “Nous travaillons également à la mise en place d’une formation consacrée aux risques nucléaires, radiologiques, biologiques et chimiques qui sont de plus en plus présents, notamment dans la guerre qui oppose la Russie et l’Ukraine.”
“Ne luttez pas contre votre peur mais servez-vous en pour faire les bons gestes sur le terrain”,
Directeur de la sécurité et de la sûreté chez TF1
S’ADAPTER À L’ACTUALITÉ
Frédéric Petit est reporter d’images depuis 36 ans chez TF1. Il couvre des événements en
France et à l’international : nuits d’émeutes, manifestations des gilets jaunes, génocide du Rwanda, guerre en Afghanistan, etc. “J’ai pu observer une vraie prise de conscience de la part de la direction générale de TF1 et des collaborateurs sur l’accompagnement des JRI ”. En France, les événements violents des dernières années ont amplifié le dispositif
de protection rapprochée des équipes.
Depuis septembre 2022, plus de 500 agents de protection ont été déployés sur le territoire,
contre moins d’une centaine l’année précédente. Chez TF1, la sûreté travaille ainsi à référencer et passer des contrats avec des prestataires chargés de la sécurité des collaborateurs, même dans des régions aussi disputées que le Donbass par exemple.
Suivi psychologique
Un suivi médical est mis en place au retour du terrain. Les JRI peuvent consulter un traumatologue pour se confier sur les événements vécus. “La première fois que j’ai vu le traumatologue, j’étais hésitant car j’avais peur de passer pour un menteur , confie Frédéric Petit. Je me suis finalement livré pendant une heure trente. La nouvelle génération de JRI est mieux équipée pour se prémunir des traumatismes car elle est davantage accompagnée sur le plan psychologique.” Pour Loïc Gorgibus, 25 ans, la mission en Ukraine sera une première en zone de conflit. Lors du briefing sécurité, Yann Bessette insiste sur un point
crucial : “Au-delà du traumatologue, tu peux aussi identifier un tiers de confiance dans ton entourage à qui tu pourras te confier.” Sur le plan physique ou psychologique, en matière de sûreté, TF1 ne laisse rien au hasard.